JE Recherche et vulgarisation : langues du Sud-Ouest

La journée d'études

L'école doctorale Montaigne-Humanités, dont je fais partie, permet à ses doctorant.es de prendre une part active dans leur formation doctorale en organisant elleux-mêmes certaines de leurs formations. Ce dispositif est intitulé Initiatives doctorantes (ID). Il peut s'agir de faire venir un.e intervenant.e extérieure, d'organiser des ateliers de réflexion, ou encore des journées d'études. Cela est très formateur dès le début du projet, puisqu'il s'agit en premier lieu de rédiger une proposition de projet détaillée, incluant notamment un budget à l'équilibre, qui est ensuite étudiée et acceptée ou rejetée par l'école doctorale.

En 2022, avec mon amie Mélissa Gonzalez, doctorante en anthropologie à l'EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris), nous avons proposé une initiative doctorante sous la forme d'une journée d'études pour le printemps 2023. En raison d'un blocage de l'université, la journée a dû être repoussée et a finalement eu lieu le 14 mars 2024, dans la Salle des thèses de la Maison de la Recherche de l'université Bordeaux Montaigne.

L'organisation de cette journée, dont notre association Bord'Òc était partenaire, avait plusieurs objectifs :

   - nous donner l'occasion de nous confronter à l'organisation d'une journée d'études universitaire ;

   - mettre en avant les études occitanes dans une ville désormais très peu occitanisée, et où les études occitanes ont progressivement disparu, tout en les replaçant dans le contexte plus large des études sur les langues régionales - les études basques étant paradoxalement beaucoup plus présentes sur notre campus ;

   - sensibiliser les doctorant.es qui assisteraient à la journée à l'existence même d'une langue et culture régionale souvent méconnue ou inconnue dans leur lieu d'étude ;

   - mettre en relation des chercheur.es débutant.es et chevronné.es afin de favoriser la mise en réseau des personnes travaillant sur ces questions, éparpillées sur le territoire ;

   - valoriser les recherches doctorales, plus spécifiquement, portant sur ces langues en proposant à plusieurs doctorant.es - voire masterant.es - de nous faire part de retours sur leurs recherches de terrain lors d'une table ronde dédiée.

De plus, la thématique autour des relations entre chercheur.es et grand public visait à la fois à ancrer la recherche portant sur les langues régionales dans son terrain, à en étudier la réception, et à discuter des problèmes spécifiques qui peuvent émaner de ce genre de terrains.

Nous avons ainsi opté pour une journée aux formats variés, donnant une place à la vulgarisation (exposition réalisée par Bord'Òc) et à la transmission par voie artistique (concert de clôture) au sein même du programme aux côtés de conférences et tables rondes scientifiques. Afin d'attirer un public varié et le plus nombreux possible - les doctorant.es ayant le choix des formations auxquelles iels participent - nous avons réfléchi à inclure des thématiques et des intervenant.es varié.es (linguistique, histoire, spectacle vivant...), avons ouvert la journée au grand public et communiqué en ce sens, et avons proposé un format hybride (présentiel avec possibilité de visioconférence), ce qui a d'ailleurs permis à plusieurs personnes d'intervenir à distance, et notamment du Japon !

Programme et affiches

Donner la parole aux doctorant.es : appel à communication

Mes rôles dans la journée

Lors de cette journée d'études, j'ai endossé 3 rôles : co-organisatrice et logisticienne, animatrice d'une table ronde, et communicante doctorante.

Bilan d'expérience

L'organisation et la réalisation de cette journée d'études a été une expérience très formatrice, mais également très chronophage et parfois même pesante.

En effet, bien que j'avais déjà participé à l'organisation de plusieurs journées d'études et colloques, Mélissa et moi avons un peu sous-estimé la quantité de travail que cela représenterait pour un si petit comité d'organisation - à savoir, nous deux, épaulées par notre enseignante et mentore, Katy Bernard. De plus, le blocage de l'université ayant commencé la veille du jour où devait se dérouler la journée nous a obligées à prendre la décision d'annuler la journée la veille à 17h, alors que plusieurs intervenant.es avaient déjà fait le déplacement sur Bordeaux. Cela a été un crève-coeur et nous a forcées à redéposer un projet d'ID afin de pouvoir réorganiser la journée au sein de l'offre de formation doctorale de l'année suivante et demander à nouveau un budget à l'école doctorale pour l'occasion. De plus, plusieurs intervenant.es n'étaient plus disponibles (ou au moins plus sur Bordeaux) lors de la nouvelle date, ce qui nous a demandé un peu de réorganisation.

Très peu de doctorant.es ont assisté à la journée d'études - celleux qui sont venu.es, en présentiel ou à distance, étaient surtout d'autres doctorantes de mon directeur de recherche. De même, notre journée a attiré moins de personnes de la société civile que lors de la première date proposée - notamment issu.es du milieu occitan - mais il est vrai que nous avons fait moins de communication la deuxième fois, la fatigue (réelle et psychologique) et le sentiment de déception lié à l'annulation de la première date se faisant clairement sentir. Cependant, à notre (agréable) surprise, plusieurs étudiant.es de master ont assisté à la journée afin de valider une Unité d'Enseignement (UE) de "participation à la vie scientifique" - ils doivent pour cela s'inscrire à quelques formations organisées par l'école doctorale et ont ainsi accès à un grand catalogue d'événements.

Ce qui reste le point le plus positif de la journée pour moi est que, malgré quelques interventions en ligne, elle a été un véritable lieu de rencontre et d'échanges entre les participant.es. Nous avons notamment eu la chance de pouvoir faire venir le chercheur CNRS Philippe Boula de Mareüil pour présenter son projet "L'atlas sonore des langues régionales de France" et cela a permis à des chercheur.es du projet de recherche "Patrimoine Régional Linguistique" (PaRL) - dont je fais partie - d'entrer en contact avec lui ; une rencontre inter-projets est ainsi prévu à l'automne 2024 afin de mettre en commun un certain nombre de problématiques liées aux recherches en dialectologie régionale. Cela nous a également permis de rencontrer deux doctorant.es basques travaillant sur des questions d'anthropologie et d'éducation, et aux expériences et questionnements proches de nos préoccupations de recherche.

Enfin, nous espérons publier des actes pour cette journée au sein de la revue interuniversitaire Garon@.

La journée d'études en quelques images

Nicolas Guilliot (université Bordeaux Montaigne) présentant PaRL

Katy Bernard (université Bordeaux Montaigne) présentant le concert de clôture

Concert "Les troubadours d'Aliénor" de l'ensemble La Flama : musique médiévale occitane

Le comité d'organisation de la journée !