Dans le cadre du congrès annuel de la SFSIC (Société Française des Sciences de l'Information et de la Communication), au printemps 2023, il a été proposé à des doctorant.es d'infocom de réaliser un mapping vidéo sur la façade de l'IUT Bordeaux Montaigne où se déroulait le congrès. Ces doctorant.es ont lancé un appel à participation, auquel j'ai répondu, et j'ai donc rejoint cette équipe, étant la seule représentante d'une autre discipline.
Le thème proposé pour ce projet était : "Être jeune chercheur.e en sciences humaines et sociales". Nous avions ainsi relativement carte blanche pour explorer ce thème situé, au final, au plus près de nos vies. Lors de nos séances de brainstorming afin de caractériser les sciences humaines et sociales (SHS), plusieurs pistes sont apparues : opposition entre sciences dites dures et sciences dites... molles ? les SHS remettent l'humain au centre de la recherche... elles remettent en cause les normes sociales, pensent parfois en dehors de la société établie... ce qui nous a finalement mené à interroger les liens entre recherche et société. Notre projet s'appelait désormais : "Les sciences HUMAINES et sociales ont le droit de cité".
Un problème auquel nous avons été rapidement confronté.es était que nous n'étions pas nous-mêmes (tout.es) artistes ou créateur/ices. Il nous fallait donc trouver un moyen d'expression qui nous correspondent. Notre réflexion s'étant développée à la manière de nos raisonnements scientifiques habituels, il nous est apparu que nous avions naturellement utilisé les outils de réflexion à notre disposition et que nous avions l'habitude d'utiliser. Pourquoi pas continuer, et piocher dans nos méthodes de recherche pour réaliser ce projet artistique ?
C'est ainsi que nous est venue l'idée d'aller collecter des témoignages oraux, de demander aux gens ce qu'ils pensent des relations entre recherche et société, afin de mieux comprendre le rôle qu'ont, que peuvent ou doivent avoir les SHS. Nous avons alors élaboré un protocole simple, réalisable par tout.es les membres du projet : interroger des personnes de notre entourage, issues du monde de la recherche ou non, évoluant dans le monde des SHS ou non, en leur demandant de répondre en une minute (pour des questions de gestion des données collectées) aux deux questions suivantes :
1. La recherche doit-elle écouter la société ?
2. La société doit-elle écouter la recherche ?
Une fois ces entretiens réalisés, nous les avons transcrits et avons mis en commun les thématiques qui en ressortaient. Nous avons ensuite organisé les différentes idées recueillies en les reliant par une voix narratrice, écrite par nos soins et retraçant à la fois les questionnements à l'origine du projet et les réponses qu'y ont apporté nos informateur/ices.
Mais le plus dur restait encore à venir ! Car il nous fallait maintenant mettre en image cette narration - avec les moyens visuels à notre disposition, à savoir, des images libres de droits glanées sur Internet et des dessins réalisés par les quelques âmes artistes de notre collectif.
Afin de pouvoir travailler efficacement, à la fois ensemble et séparément, et d'apporter une forme d'harmonie au rendu final, nous avons opté pour une métaphore visuelle filée en représentant la recherche sous la forme d'un arbre produisant des fruits variés et interagissant avec son environnement.
Enfin, à l'arrivée du congrès, nous avons rencontré SCOUAP, artiste chargé de réaliser le mapping, et l'équipe est passée en "crunch time" (terme emprunté à l'industrie du jeu vidéo qui désigne une période d'activité intense sur un temps resserré précédant la sortie d'un jeu vidéo). Il s'est avéré que nos aspirations visuelles étaient un peu trop ambitieuses, mais l'important est que nous ayons pu projeter notre projet un des soirs du congrès comme prévu !
Dans cette vidéo, je reviens en quelques images sur les étapes du projet, avant de vous proposer quelques extraits filmés avec mon téléphone le soir de la projection (son et vidéo de qualité... moyenne à prévoir !) :