• Cap a Lion en companhia de Jane Austen

    LangaJE - La linguistique à la croisée des disciplines

    Le tribalh de doctorant.a ne consisteish pas solament a escríver la tèsi. Es vertat qu'entà validar lo doctorat, i a solament besonh de la tèsi e de har quauquas òras de formacion. Totun, après lo doctorat, se volem ensenhar a l'universitat, e donc vàder mèst@ de conferéncias, cau obtiéner ua "qualificacion" dens ua o mantua seccion deu CNU (Conselh Nacionau de las Universitats). Cada seccion (o disciplina / camp de recèrca) a critèris diferents, e sovent, la sola tèsi n'es pas pro; cau tanben aver hèit comunicacions scientificas en collòquis, escriut articles, etc. Es donc important de cercar cridas a comunicacion entà participar a eveniments scientifics, ideaument suu tèma de la tèsi, mes pòt tanben estar un pichon projècte a costat de la tèsi, o dens mon cas dens aqueste article, un tribalh mei ancian suu quau n'aví pas enqüèra avut l'escadença de comunicar.

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    La journée d'études

    LangaJE est un projet de valorisation scientifique pour jeunes chercheur.es en sciences du langage mis en place par des doctorant.es des universités Lyon 2 et Lyon 3, après avoir obtenu un financement pour organiser 2 journées d'études sur 2 ans. J'avais déjà participé à la première journée l'an dernier, sur le thème de la vulgarisation scientifique, avec ma collègue doctorante en anthropologie à l'EHESS, Mélissa Gonzalez (compte-rendu ici).

    Cette année, la journée s'est déroulée le 13 octobre 2023, et le thème de la journée était l'interdisciplinarité en sciences du langage. 

     

    Le projet

    L'an dernier, j'avais vraiment beaucoup apprécié la journée d'études : elle était très bien organisée, les conférences et communications de doctorant.es étaient passionnantes, cela a été l'occasion de rencontrer de nombreux/ses jeunes chercheur.es dans ma discipline, et il y avait même un volet vulgarisation sous forme de capsules sur le thème : "La linguistique, ça sert à quoi ?"

    Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que je souhaite retenter l'expérience, d'autant plus que le thème de la deuxième journée m'intéresse beaucoup et fait partie de mes préoccupations constantes de chercheuses. Cependant, il est apparu que la communication que Mélissa et moi avions faite l'an dernier correspondait déjà à ce thème... dommage ! Il me fallait donc trouver une autre idée...

    C'est alors que m'est venue l'idée de communiquer sur une recherche plus ancienne, que j'avais déjà cherché à valoriser en colloque quelques fois mais sans succès, à savoir, mon mémoire de linguistique et littérature réalisé dans le cadre de mon master en études anglophones en 2018. L'approche interdisciplinaire entre sociolinguistique et théorie littéraire était au coeur-même de mes réflexions dans le cadre de ce mémoire, et c'était déjà en promouvant cet angle que j'avais tenté de proposer une communication dans d'autres événements. De plus, je prévoyais que la préparation de cette communication ne serait pas très chronophage, car j'avais déjà réalisé 2 exposés sur le sujet dans le cadre de cours de master, et j'avais également créé une vidéo de vulgarisation sur le sujet dans le cadre de la Virtual JaneCon (convention amateure en ligne autour de l'autrice Jane Austen).

    J'ai donc rédigé l'abstract ci-dessous et ai eu la chance d'être acceptée une nouvelle fois.

     

    Abstract de la communication

    Répartition de la parole dans la littérature protoféministe : une question de genre ou de genre ?

    Il existe une forte croyance populaire selon laquelle les femmes sont plus bavardes que les hommes, ce qui est contredit par la recherche en sociolinguistique (Coates, 1993 : 115). On se demande alors d'où viennent ces croyances, ou représentations. Une source importante de représentations sociales sont les produits culturels, tels que les romans. Au XVIIIe siècle, alors que le protoféminisme (plaidoyer pour une meilleure éducation des femmes) se développe parallèlement à l’essor du roman en tant que nouveau genre littéraire particulièrement investi par les femmes en tant qu’autrices, les critiques prennent peur des représentations subversives des rôles de genre que les romans écrits par des femmes peuvent véhiculer à un lectorat jeune et féminin. Une question qui se pose est donc de savoir si les romans de l'époque protoféministe reproduisent et véhiculent les stéréotypes de genre, notamment en termes de prise de parole, ou au contraire sont un lieu d’expression pour les combattre.

    Notre étude examine la répartition de la parole entre les personnages de deux romans, The Mysteries of Udopho d'Ann Radcliffe (1794, par la suite Udolpho) et Pride and Prejudice de Jane Austen (1813, par la suite P&P). Ses objectifs sont doubles : a) analyser les représentations sociales sur le genre au travers de la répartition de la parole véhiculées par les romans de l'ère protoféministe ; et b) souligner l'importance de l'interdisciplinarité – ici, sociolinguistique et théorie littéraire dans le cadre des études sur le genre – dans l'étude d'éléments complexes tels que les représentations sociales véhiculées par des produits culturels.

    Les résultats montrent que la répartition de la parole entre les genres des personnages dans Udolpho et P&P sont très différentes : i) les scènes de dialogue reproduisent le schéma selon lequel les hommes ont tendance à parler davantage dans la sphère publique et les femmes davantage dans la sphère privée (Evans et Mooney, 2015 : 125) ; ii) les femmes prononcent plus de mots en moyenne que les hommes dans les deux romans ce qui peut s'expliquer par le contexte littéraire du protéoféminisme ; cependant, le nombre d’hommes et de femmes prononçant des dialogues, et les quantités totales et moyennes de parole par genre varient grandement entre les deux romans ; et iii) cet écart important dans la répartition des répliques entre hommes, femmes, et voix de la narration, dans chaque roman peut s'expliquer par les différentes structures narratives et objectifs didactiques des romans dans le cadre d’une réflexion protoféministe : personnages archétypiques dans une structure de conte ou de Bildungsroman (Arnaud, 1996) pour Udolpho et personnages stéréotypiques dans une perspective de représentation satirique de la réalité sociale et d’apprentissage par la confrontation verbale pour P&P. Le genre des personnages parlants et le genre littéraire du roman fournissent ainsi deux catégories complémentaires pour l’analyse des représentations du partage du temps de parole entre les genres véhiculées par les romans.

    Mots clés : sociolinguistique ; littérature ; études sur le genre ; archétype ; stéréotype

    Bibliographie sélective

    Arnaud, Pierre. 1996. « Emily Ou de l’éducation : The Mysteries of Udolpho, Bidlungsroman Féminin ». XVII-XVIII : Bulletin de La Société d’études Anglo-Américaines Des XVIIe et XVIIIe Siècles, no. 43 (Novembre) : 39–50.

    Coates, Jennifer. 1993. Women, men, and language: a sociolinguistic account of gender differences in language. 2nd edition. London : Longman.

    Evans, Betsy, et Annabelle Mooney. 2015. Language, society and power: an introduction. Abington : Routledge.

    Romaine, Suzanne. 2012. Communicating gender. New York : Psychology Press, Taylor&Francis Group.

    Notice bio-biblio de l'autrice

    Marie Sarraute-Armentia est doctorante en sociolinguistique à l'université Bordeaux Montaigne (UMR IKER). L'interdisciplinarité est au coeur de sa démarche pour aborder son objet d'étude, à savoir, les représentations sociales, qu'elle a eu l'occasion d'explorer dans le cadre de son doctorat, mais également d'un master en études japonaises, un master en études anglophones et un master en études sur le genre. Ses travaux de recherches portent ainsi sur le tourisme japonais au Mont Saint-Michel, les princesses Disney, l'enseignement de l'occitan, ou encore la littérature protoféministe anglaise.

     

    Contenu de la communication*

     

     Bilan d'expérience et apports pour le doctorat

    Tout comme l'an dernier - et peut-être même plus encore - la journée a été absolument passionnante ! Les communications et conférences étaient de très bonne qualité, et beaucoup de discussions intéressantes ont pu avoir lieu à la fois pendant les temps de questions et pendant les moments de convivialité. J'ai reçu plusieurs compliments sur ma présentation et la qualité de ma recherche, ce qui m'a bien sûr fait plaisir, mais également un peu rassurée, car il s'agissait d'une recherche "débutante", avant que je devienne réellement linguiste de formation, et dans laquelle je ferais certaines choses différemment maintenant que j'ai plus d'expérience en la matière. Cette communication a cependant été l'occasion de pousser ma réflexion encore plus loin que dans le mémoire dont elle était tirée, preuve que j'ai progressé depuis. J'ai bien envie d'essayer de publier un article allant encore encore plus loin - en incorporant des idées que j'ai eues après ma communication et/ou qui m'ont été soufflées par des discussions le jour-même.

    Cette communication est évidemment un pas de côté vis-à-vis de ma thèse et ne me servira donc pas dans le strict cadre de la thèse. Cependant, cela n'en fait pas une expérience inutile pendant le doctorat. En effet, si les conditions pour valider le diplôme de doctorat sont d'avoir soutenu avec succès une thèse et avoir suivi les formations demandées par son école doctorale, cela n'est souvent pas suffisant pour la continuation de carrière : pour devenir enseignant.e-chercheur.e, et donc postuler sur un poste de maître.sse de conférences, il faut tout d'abord obtenir une qualification dans au moins une section du CNU (Conseil National des Universités) - les sections correspondant aux différentes disciplines ou champs d'études. Chaque section établit ses propres critères d'éligibilité, et il est souvent recommandé d'avoir une expérience dans l'enseignement supérieur, ainsi qu'un CV de chercheur.e étoffé par de multiples communications en colloques et publications dans des revues scientifiques.

    Ainsi, bien que mon CV de jeune chercheuse ne manque pas de communications, loin s'en faut, cette ligne de plus (et peut-être l'article que j'en tirerai !) permet de montrer que mes compétences ne se cantonnent pas à la sociolinguistique occitane et met en avant un buzzword très à la mode, à savoir, l'interdisciplinarité.

    Enfin, comme l'an dernier, il nous a été proposé de tourner une capsule vidéo de vulgarisation. Cette année, le thème était "Le saviez-vous ?" -> expliquer brièvement un fait de langue. Remettant un instant ma casquette d'occitaniste dans la journée, j'ai (évidemment) présenté le kézako qu'es aquò ?

    [je publierai ici la capsule quand elle sera mise en ligne - probablement pas avant quelques mois]

     

     

    * il est possible que certaines diapositives ne soient pas totalement compréhensibles sans l'explication orale associée.


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