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PubhD : ma thèse au pub
Lo dimècres 9 de noveme de 2022, presentèi ma tèsi en 10 minutas dens un pub a Bordèu, dab dus autes doctorants bordalés. Èra l'escadença d'encontrar monde e de véder çò que coneishen e/o pensan de l'occitan.
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Le concept
PubhD (jeu de mot entre "pub" et "PhD" ("doctorat" en anglais)) est un événement de vulgarisation récurrent qui se déroule dans un pub, organisé dans de nombreuses villes, et créé en janvier 2014 à Nottingham en Angleterre. Il semble qu'il n'existe actuellement qu'une seule initiative PubhD en France, et elle se situe à Bordeaux :
Lors de chaque session, trois doctorant.es issu.es de n'importe quel champ académique présentent leurs travaux de recherche en 10 minutes devant un public non spécialiste. Après chaque présentation, le/la doctorant.e a un temps d'échange avec le public.
La séance du 9 novembre 2022, organisée dans au bar La Tencha dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux, rassemblait 3 doctorant.es travaillant sur :
- Parcoursup (sociologie)
- la synthèse et l'assemblage de particules à patchs (chimie)
- les représentations sociales de l'occitan (sociolinguistique) = moi
La présentation
L'idée, m'ont confirmé les organisateurs, est de ne pas nécessairement venir avec une présentation apprise par cœur (contrairement à Ma Thèse en 180 Secondes, par exemple), afin de favoriser la spontanéité. J'avais donc préparé une trame, sans pour autant tout apprendre par cœur. En arrivant sur place, j'ai découvert que nous avions un tableau blanc à disposition, ce qui m'arrangeait plutôt, étant donné que je comptais commencer par demander au public si telle ou telle ville est occitanophone. J'en ai donc profité pour prendre plus de temps pour cet échange initial.
Déroulé général de la présentation :
- échange avec le public + utilisation du tableau : "L'occitan, qu'es aquò ?"
- échange avec le public + utilisation du tableau : parle-t-on occitan dans ces villes ? (Toulouse, Montpellier, Nice, Marseille, Tarbes, Pau, Bayonne, Mont-de-Marsan, Bordeaux, Périgueux, Limoges) --> Oui, elles le sont toutes ! Bref point sur la zone géographique, les variantes, le taux de locuteurs
- les représentations sociales, avec l'exemple du Roman National (1515 ? Oui mais c'est quoi au juste, Marignan ?), écart entre l'histoire factuelle de l'occitan et sa représentation actuelle
- but de la thèse : comprendre ce qui (dé)motive à apprendre l'occitan pour convaincre plus de familles d'essayer
- méthode : questionnaires, entretiens, recensement d'arguments...
- quelques exemples d'arguments en faveur de l'enseignement de l'occitan : apports cognitifs et scolaires du bilinguisme, apports de l'apprentissage de l'occitan sur l'apprentissage de la lecture et de la grammaire françaises... (je n'ai pas eu le temps d'aborder d'autres arguments, tels que l'ouverture d'esprit, les liens avec le développement durable, ou encore des questions de justice historique).
Au final, je n'ai pas eu le temps de dire tout ce que j'avais prévu de dire, et je ne peux donc pas faire le résumé exact de la présentation, mais j'ai abordé tous les points ci-dessus plus ou moins en détail.
Bilan d'expérience
L'expérience a été très positive et le public s'est montré réceptif au sujet qui lui était présenté. Il faut évidemment garder à l'esprit qu'il s'agit d'un public curieux, qui a fait la démarche de venir écouter des présentations de doctorant.es, et qui n'est donc pas nécessairement représentatif de l'ensemble du grand public. Néanmoins, cet auditoire est plutôt habitué à voir des présentations issues des disciplines qu'ils appellent humoristiquement "sciences inhumaines", telles que la biologie et la chimie, qui constituent le plus gros des présentations de PubhD à Bordeaux, dû aux domaines de recherche des organisateur/rices elleux-mêmes et à leurs réseaux. Il est donc très positif d'arriver à capter et garder l'attention de ce public peu aguerri aux sciences humaines, voire attiser leur curiosité et engager la discussion avec elles et eux.
La possibilité d'utiliser le tableau blanc a permis de mettre en évidence de manière encore plus frappante et surtout de manière visuelle le peu de connaissances générales concernant l'occitan. En effet, après avoir posé (et écrit) la question "L'occitan, kezako qu'es aquò ?", une des premières réponses a mentionné la "langue d'oc" et la "langue d'oïl". J'ai donc demandé où était la séparation géographique entre les deux et, suivant la réponse obtenue, ai tracé une ligne droite coupant la France en deux. J'ai ensuite procédé, comme prévu initialement, à l'égrainage des noms de villes en demandant si on y parlait occitan - à cette différence près vis-à-vis du script original que je situais en plus les villes sur la carte. Toutes les villes citées étaient en fait des villes occitanophones et étaient situées sous la ligne dessinée précédemment. Étonnamment, voilà les réponses obtenues :
- Toulouse, Carcassonne, Périgueux : OUI
- Nice, Pau, Bayonne, Limoges : NON
- Clermont-Ferrand, Bordeaux : réponses mitigées et peu convaincues
Pour bien montrer la différence de perception entre la ligne de démarcation "oc/oïl" et les villes jugées occitanophones ou non, j'ai ensuite complété le schéma en dessinant (grossièrement) la ligne de démarcation actuelle entre domaines d'oc et d'oïl.
La représentation de l'occitan dans la salle était donc majoritairement celle d'une langue régionale parlée dans le centre-sud de la France, dans une zone certes plus étendue que la Région Occitanie, mais malgré tout beaucoup moins étendue que l'Occitanie linguistique et culturelle.
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La citation de la soirée
"C'est une langue régionale."
"Mais ça n'a pas toujours été régional !"
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